Chapitre XX

 

Ce soir-là, à neuf heures, Forry Ackerman et quatre Tocs, dont Alys Merrie, se préparaient pour leur expédition. Forry avait dû déployer des trésors d’imagination pour expliquer à Wendy pourquoi il ne l’accompagnait pas à la soirée mensuelle des fans de science-fiction, et à l’hôte et à l’hôtesse pourquoi c’était impossible. Il doutait d’avoir convaincu personne par ses excuses, mais elles étaient assurément plus présentables que la vérité.

Après cinq heures, la pluie s’était interrompue pendant quelque temps, et la couche de nuages s’était légèrement éclaircie. Puis la pénombre et les éclairs étaient revenus, accompagnés du tonnerre. Une demi-heure plus tard, les écluses du ciel se rouvraient.

Toutes les chaînes de télévision étaient saturées de communiqués sur les dommages causés par les inondations et le nombre de morts. À la radio, entre deux déchaînements de musique rock, le tableau était similaire. Plus de deux cents habitations avaient dû être abandonnées par les occupants. Il y en avait au moins un nombre égal qui risquait de glisser sur la colline ou d’être emportées par le flot. L’accès de la plupart des canyons était interdit, y compris pour les résidents. Les rigoles et les ruisseaux qui dévalaient les flancs des collines s’étaient mués en petites rivières et en marées dévastatrices. Du côté de Basin et San Fernando Valley, on avait parfois de l’eau jusqu’aux genoux. Les affaires étaient au point mort ; la plupart des lignes de bus avaient cessé d’assurer leur service. Le gouverneur avait fini par déclarer zone sinistrée les trois comtés. Les bons citoyens stigmatisaient l’incurie des Pouvoirs Publics et un agent de l’administration avait été abattu par un citoyen enragé qui avait vu sa maison engloutie sous un torrent de boue.

Les épiceries commençaient à manquer de denrées. L’eau était contaminée et les égouts refoulaient. Malgré la pluie qui tombait presque sans discontinuer, les incendies étaient nombreux et un camion de pompiers, répondant à la énième alerte de la journée, était tombé dans un énorme trou creusé par les torrents qui dévalaient des collines. Personne n’avait été noyé, mais le camion était fichu.

Juste avant de partir, Forry reçut un coup de téléphone de Wendy. La soirée avait été annulée, bien que la plupart des invités n’aient que quelques kilomètres à faire pour s’y rendre. Cette décision aurait dû être prise plusieurs jours auparavant, mais la maîtresse de maison était une femme particulièrement entêtée.

Forry lâcha un ouf de soulagement. Il lui avait été extrêmement pénible de mentir, et en même temps il s’en était voulu de ses scrupules ; que pesait une réunion mondaine alors que le sort du monde était lié à ce qu’il allait faire ce soir-là avec les Tocs ? Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’être chiffonné.

Hindarf conduisait une camionnette qui s’était plusieurs fois déjà trouvée avec de l’eau au-dessus des essieux. À l’angle de Sunset Boulevard et de Beverly Drive, il rangea le véhicule contre le trottoir. Un semi-remorque qui tirait un énorme fourgon arriva cinq minutes plus tard et s’arrêta dans un sifflement de freins à air comprimé. Ils descendirent de la camionnette et se dirigèrent vers le camion, de l’eau jusqu’aux chevilles. Ils devaient se tenir les uns aux autres pour ne pas être emportés par le courant. Un madrier, qui avait l’air de provenir d’un panneau publicitaire, leur frôla les pieds, et disparut au fil du courant. Si une jambe s’était trouvée sur son passage, le tibia eût été brisé comme une allumette.

Il y avait vingt autres personnes dans le fourgon. Les portières arrière se refermèrent, et le camion démarra. La puissance du moteur et la hauteur du châssis lui permettaient de s’aventurer dans des eaux qui auraient irrémédiablement emporté une voiture.

Chemin faisant, Hindarf les chapitra. Apparemment, tout le monde, à l’exception de Forry, connaissait la chanson par cœur, mais Hindarf voulait que rien ne reste dans l’ombre. Ce briefing dura environ un quart d’heure, et il fallut encore dix minutes pour que chacun ait revêtu son équipement – combinaison, masque, palmes et bouteilles. Forry signala qu’il n’avait jamais fait de plongée sous-marine, mais on lui répondit qu’il n’aurait qu’une minute à passer sous l’eau. Les combinaisons étaient surtout là pour les protéger du froid.

Le camion s’arrêta au pied d’une pente abrupte. Les portes s’ouvrirent et une petite échelle fut mise à la disposition de Forry, tandis que les autres sautaient par-dessus bord. Ils se trouvaient dans Topanga Canyon, juste avant la route qui conduisait à la maison des Ogs. Les eaux brunâtres qui la dévalaient venaient se mêler au flot impétueux qui descendait Topanga Canyon. Forry se félicita d’avoir une combinaison et des palmes, ainsi que des bouteilles assez lourdes pour servir de lest. Mais il lui paraissait hors de question de gravir la pente ainsi harnaché.

— Vous pouvez très bien, dit Hindarf. Mettez le masque et respirez par la bouche.

— Maintenant ? dit Forry.

— Maintenant.

Forry s’exécuta et la première inspiration qu’il prit lui parut la plus revigorante de toutes celles qu’il avait connues depuis son enfance. L’air se diffusait dans son corps, l’emplissait de force et d’allégresse, il avait presque envie de chanter. Mais il ne fallait évidemment pas y penser avec l’embout respiratoire qu’il serrait entre ses dents.

Hindarf dit :

— Il se peut que nous rencontrions quelques difficultés là-haut. La drogue injectée dans le circuit respiratoire nous tiendra sous pression. L’effet est intense, mais de courte durée.

Ils suivirent la route en pataugeant dans l’eau, avec leurs palmes. Forry se dit qu’ils avaient tout à fait l’air de Vénusiens, avec leurs pieds palmés, la peau noire et brillante de leurs combinaisons, les bouteilles d’air sur le dos, les masques et leurs gros embouts respiratoires. Certains étaient même armés de foènes ou de fusils lance-harpon. La pluie tombait ; drue, sur la petite troupe et tout n’était qu’obscurité et humidité : exactement comme sous la couche de nuages de la face non éclairée de Vénus.

Sur le point d’arriver au virage après lequel ils se seraient trouvés exposés aux regards des habitants de la maison, ils coupèrent à travers la colline. La pente était raide et boueuse, et ils durent s’agripper aux buissons et se tirer les uns les autres pour poursuivre leur progression. À présent, Forry appréciait à sa juste valeur la combinaison, qui le protégeait de l’eau et de la boue. Le poids des bouteilles paraissait négligeable eu égard au sentiment de force qui l’emplissait. Son cœur battait à son rythme habituel : l’effort supplémentaire qui lui était imposé devait être compensé par la drogue introduite dans le circuit respiratoire. Glissant, dérapant, se raccrochant aux buissons, ils finirent par atteindre le sommet de la colline. Sur leur droite, un mamelon les dissimulait à la vue de ceux de la maison. Forry se fit la réflexion que de toute façon, même des yeux de chat seraient bien en peine de percer cette obscurité.

À la suite d’Hindarf, ils contournèrent la colline pour arriver au pied d’un haut mur de brique. Le sommet était garni de barbelés de près d’un mètre de haut. Deux ou trois Tocs mirent en batterie une échelle pliante, un échalier en fait, − qu’ils appuyèrent contre le mur. Hindarf recommanda bien à tout le monde de ne pas toucher aux fils, qui étaient sous haute tension. À tour de rôle, ils franchirent l’obstacle.

Ils se trouvaient dans un verger qui semblait s’étendre sur plusieurs centaines de mètres au nord et au sud de l’emplacement qu’ils occupaient, et à une distance indéterminée en direction de l’ouest. L’échalier fut retiré, replié et dissimulé sous un massif de buissons. Toujours sous la conduite d’Hindarf, ils progressèrent à travers les arbres pour atteindre le pied d’un raidillon qui s’élevait vers un muret de brique. On y avait pratiqué des marches taillées dans une pierre qui émit des reflets rouges et noirs sous les faisceaux des lampes d’Hindarf et de ses compagnons.

Forry s’inquiéta de cette imprudence, mais Hindarf lui assura que c’était une sorte de lumière noire. Forry ne pouvait la voir que grâce au verre spécialement traité de son masque.

Hindarf ne pensait pas que les Ogs soient équipés pour la détecter.

Parvenus en haut des marches, ils purent distinguer la masse noire de la maison qui se dressait à une cinquantaine de mètres. Elle était plongée dans l’obscurité, à l’exception d’un rai de lumière qui filtrait. Ils poursuivirent leur chemin et aboutirent à une piscine de forme allongée, elle débordait, inondant le ciment, le patio, la cour, et déversant son flot dans les marches qu’ils venaient de gravir.

Hindarf refit une dernière fois la leçon à Forry et s’enfonça dans la piscine en empruntant l’échelle de fer. Obéissant aux directives de l’homme préposé à sa sauvegarde, Forry prit le même chemin. Pendant un instant, tout fut noir, et Forry ne sut plus où se trouvait le haut et le bas, le nord et le sud. Puis une lumière jaillit, illuminant tout ce qui se trouvait autour de lui, et il distingua juste devant lui, son guide qui brandissait la lampe. Il apercevait encore les palmes d’Hindarf, à la lisière de la zone éclairée. Toujours sous l’eau, ils parcoururent les soixante mètres du bassin en se tenant aussi près que possible du fond. Forry entrevit d’étranges silhouettes peintes sur le ciment qui le revêtait. Des Griffons, des loups-garous qui passaient de l’état humain à l’état animal, un dragon dépourvu de pattes, un coq aux ailes palmées et au bec en forme de pénis, une pieuvre pourvue d’un con rasé en guise de bouche, un crabe à l’aspect méchant chevauché par une femme nue dont les seins étaient remplacés par des nageoires ainsi qu’une forme immense aux contours mal définis, et qui n’en était que plus inquiétante.

Enfin ils parvinrent au bout du bassin, et Forry vit Hindarf et son guide qui enlevaient une plaque dans la paroi. Apparemment, elle ne se distinguait en rien du matériau environnant, mais une fois ôtée, elle dévoila un trou profond et obscur, Hindarf s’y engagea, suivi par le guide. Après un bref moment d’hésitation, Forry les imita, conscient de tenir entre ses mains l’honneur des Terriens. Le tunnel s’enfonçait sous terre, mais ses parois étaient revêtues d’un assemblage de petites plaques vissées les unes aux autres. Il se demanda combien de temps il avait fallu aux Tocs pour parvenir à ce résultat. Des années sans doute, car ils ne disposaient que des quelques heures précédant le lever du soleil.

Mais il se pouvait aussi que ce tunnel fut l’œuvre des Ogs, désireux de se ménager une sortie de secours. Et les Tocs, qui avaient découvert cet accès, l’utilisaient pour s’introduire dans la place.

Il ne sut combien dura leur progression à travers le tunnel. Mais il lui parut que cela prenait un très long temps. Le boyau s’enfonçait dans la terre – c’est du moins l’impression qu’il eut. Puis ils débouchèrent dans un local illuminé par la vive lumière d’une lampe à arc suspendue à une chaîne scellée dans le plafond de ciment. Une échelle donnait accès à une plate-forme au bout de laquelle se trouvaient suspendues des rangées de combinaisons de plongée. Des masques et des bouteilles d’air s’empilaient en grand nombre sur les rayonnages.

Sa deuxième supposition avait été la bonne. C’était bien l’œuvre des Ogs, mais dans ce cas comment expliquer l’absence de gardes ou de systèmes d’alarme ?

Hindarf lui expliqua qu’ils ne pouvaient aller plus avant dans cette direction, la porte qui s’ouvrait à l’autre bout du local était verrouillée et pourvue de dispositifs de sécurité. Ils allaient emprunter donc un autre tunnel, qui, lui, était leur œuvre.

Ils plongèrent à nouveau, et Forry les imita. Il vit Hindarf s’engager dans un orifice si étroit que les bouteilles raclaient contre les plaques de revêtement. Le tunnel s’infléchissait rapidement selon un trajet qui, estima-t-il devait les conduire au niveau du tunnel des Ogs, mais à une dizaine de mètres plus à l’ouest.

Il émergea dans un autre local, beaucoup plus petit que le premier. Il y avait là un radeau de bois avec des caissons gonflables et au mur une échelle qui montait jusqu’au plafond, à quatre mètres au-dessus de leurs têtes.

Hindarf hissa Forry sur le radeau. Un des hommes tendit à Hindarf un papier enfermé dans un emballage étanche. Hindarf l’ouvrit, sortit le papier et le déplia. À l’aide de leurs lampes, au seul bruit du clapotement de l’eau et de la respiration lourde des hommes réunis dans la pièce, ils examinèrent les plaques qui revêtaient le plafond. Juchés au sommet de l’échelle, deux hommes retiraient les plaques. Il y eut une violente explosion au-dessus de leurs têtes.

Le choc fut soudain et brutal. La plate-forme se souleva au-dessus de l’eau avec ses occupants. De tous côtés, la terre s’éboula, retombant sur le dos de ceux qui se trouvaient en-dessous, faisant jaillir des gerbes d’eau, martelant rythmiquement le radeau qui roulait d’un bord sur l’autre.

Mais, malgré quelques plaques disjointes, tordues ou cassées, les parois ne cédèrent pas. Le fracas de l’explosion s’était aussitôt éteint, comme s’il se fût agi d’une explosion aérienne. Maintenant, le silence n’était plus troublé que par le mouvement de ressac de l’eau contre les parois du puits et les gémissements de la plateforme qui se soulevait et s’abaissait.

Hindarf fut le premier à rompre ce silence :

— Ou bien c’était un tremblement de terre, ou bien la maison commence à glisser. Quoi qu’il en soit, nous continuons comme prévu. Il ne nous faut que quelques secondes pour sortir d’ici et nous introduire dans la place.

Les deux hommes juchés sur l’échelle s’y étaient agrippés comme si elle avait menacé de basculer. Ils se remirent au travail et ôtèrent les plaques qui restaient pour dégager une large ouverture au-dessus de leur tête.

Forry se demanda pourquoi ils procédaient si lentement. Il avait envie d’aller arracher les plaques avec ses ongles, en même temps que tout ce qui pourrait encore s’interposer entre lui et l’air libre. Mais il parvint à dominer ce mouvement de panique ; l’honneur de la Terre ne reposait-il pas sur ses épaules ?

Hindarf escalada les barreaux et se mit à creuser la terre avec un petit pic. Forry fit un mouvement de côté pour éviter les gravats qui se détachaient. Son mentor lui montra le papier et dit :

— Nous nous trouvons exactement sous le plancher de la pièce où Childe doit se trouver enfermé.

— Comment êtes-vous entré en possession de ce plan ? interrogea Forry.

— Grâce aux archives municipales. Les Ogs croyaient avoir fait disparaître tous les plans de cette demeure, qui a été construite il y a bien longtemps. Mais il en restait un, qui avait été mal classé. Nous avons dû entreprendre des recherches très coûteuses, mais cela en valait la peine.

— Et qu’est-ce qui vous fait croire que Childe se trouve dans cette pièce ?

— Les Ogs ont déjà retenu ici des prisonniers de marque – Tocs ou Terriens. Nous pouvons nous tromper, mais nous serons du moins à pied d’œuvre.

Hindarf avait maintenant l’oreille collée à un instrument qu’il appliquait contre la pierre. Au bout de quelques instants, il remisa l’objet dans une poche ventrale de sa combinaison de plongée et s’attaqua au matériau avec une sorte de mèche. Forry s’étonna de n’entendre aucun son, mais son mentor lui expliqua que l’engin fonctionnait avec des ondes ultrasoniques.

L’opération prit un certain temps. Installés côte à côte sur l’étroit barreau de l’échelle, Hindarf et un autre Toc descellaient délicatement chaque bloc pour les transmettre avec précaution à ceux qui se tenaient en-dessous.

Quand tous les blocs furent enlevés, Hindarf se livra à une nouvelle auscultation. Il rempocha son instrument avec un air soucieux.

— C’est étrange, on entend comme un clapotis.

Il prit la grande plaque de métal qu’on lui tendait pour la visser au plancher. Un fil partait d’un coin du quadrilatère et aboutissait à une petite boîte de métal noir confiée à un de ceux qui étaient demeurés sur le radeau.

Hindarf demeura seul sur l’échelle tandis que les autres prenaient du champ. Hindarf adressa un signe de la tête à l’homme qui disposait de la boîte. Le Toc appuya sur un bouton.

La plaque de métal tomba en sifflant aux oreilles d’Hindarf, avec la portion de plancher qui y était attachée.

Une énorme cataracte d’eau s’engouffra en rugissant dans l’ouverture. Elle renversa Hindarf de son perchoir, se répandit sur le radeau, balayant ceux qui se trouvaient sur la plateforme pour les rejeter dans le puits ou sur le radeau.

Forry Ackerman se retrouva sur le radeau.

Gare à la bête
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